Marketing d’auteur – introduction

Le présent dossier se veut une aide aux auteurs pour qu’ils apprennent à développer leur propre plan marketing.

1 – Commençons par deux concepts :

Un lecteur choisit un livre sur un coup de coeur... Un lecteur adopte un auteur qui le fait vibrer…

Ça donne à réfléchir, n’est-ce pas ? Parfois, je rencontre un nouvel écrivain, ou même un futur auteur qui n’a pas encore écrit une seule ligne, qui se définit comme celui qui va battre tous les records internationaux de ventes. Ils me parlent de millions de livres vendus. À les écouter, tous les citoyens de la terre vont l’adopter et aimer son livre. Mais ce sont souvent les mêmes qui ne veulent pas se présenter en Salon du livre pour parler de leur livre.

Une incohérence courante : voir sa carrière d’écrivain en nombre de livres vendus et d’argent récolté. Le problème est que ça n’arrivera pas sans effort pour se faire connaître tout comme son oeuvre.

En marketing, on dit que cette personne met la charrue avant les boeufs. On dit aussi qu’elle réalise son rêve par la pensée magique. Elle montre également qu’elle ne comprend pas la relation entre les lecteurs (les clients), les livres (les produits) et les auteurs (le producteur).

Pour qu’on veuille acheter un bouquin, il faut d’abord qu’on sache que le livre et l’auteur existent…

Ça dit presque tout. C’est l’une des importantes leçons que j’ai retenues de mes cours de MBA en marketing. Dans le temps, j’appliquais ça à un produit, peu importe lequel. Un artisan peut fabriquer le meilleur meuble, mais il ne le vendra pas si on ne sait pas que l’artisan existe. Aujourd’hui, j’applique cette connaissance à l’écriture.

L’image que dégagent ces deux concepts est très forte. Elle fait comprendre qu’il faut bosser dur pour obtenir un peu de notoriété publique, sauf bien évidemment, si on l’a déjà. Elle jette la base de mes réflexions sur la nécessité de développer un plan marketing adaptée à l’auteur.

L’écrivain est d’abord un artiste, mais en publiant, il devient aussi un travailleur autonome et, par nécessité, un entrepreneur. Comme c’est le cas de tous les métiers d’artistes, son produit principal devient sa propre personne.  Ainsi, il doit prendre en main son marketing.

2 – La maison d’édition ne s’occupe-t-elle pas de la publicité ?

Certaines maisons d’édition, généralement les plus grosses, font la publicité pour les livres qu’elles produisent, mais l’auteur a avantage à s’occuper lui-même du marketing de son nom et de son œuvre. Ça aide quand l’auteur publie ses livres chez plusieurs éditeurs. C’est encore plus important si l’auteur a choisi l’auto-édition comme modèle de publication.

Par la publicité, la maison d’édition informe ses clients des livres qu’elle produit. Le marketing d’auteur sert à commercialiser l’écrivain lui-même ainsi que tous ses livres, peu importe qui les ont publiés. Ça sert à donner à l’auteur et son oeuvre une place dans l’univers du livre. Bien sûr, l’écrivain ajoutera la promotion des services qu’il offre, comme les conférences et les ateliers.

Pour la plupart des écrivains, la volonté de publier leurs œuvres demeure émotive et basée sur le goût de partager. Mais le succès est rarement simple, certainement pas instantané. La plupart des auteurs apprennent à la dure que le succès arrive avec le travail, la planification et la saine gestion de ses affaires.

L’écrivain se passionne pour la création littéraire. Ainsi, les heures passées à s’occuper de l’administration d’une entreprise peuvent le rebuter. Pourtant, sans prendre le temps d’en faire la promotion, sa carrière ne va nulle part et ses livres se vendent moins bien.  

L’auteur doit donc faire des efforts pour se faire connaître, tout comme son oeuvre. La maison  d’édition qui publie son livre ne peut pas faire ce travail à sa place. Pire, si l’auteur refuse de s’occuper de son marketing et que son livre ne se vend pas, l’éditeur pourrait refuser de publier un autre livre. 

3 – En quoi consiste le marketing pour l’auteur ? 

Avez-vous remarqué à quel point il est difficile, pour un nouvel auteur, de prendre en main sa carrière d’écrivain ? La quantité d’informations à assimiler est énorme et, surtout, pêle-mêle.

Quand j’ai commencé, j’ai cherché à comprendre toutes les manières de me faire connaître, sans dépenser des milliers de dollars en publicité. Comme tous les nouveaux auteurs, je n’avais pas les fonds nécessaires.

La maison d’édition est responsable de faire la publicité pour les livres qu’elle publie. Or, les efforts des éditeurs sont limités. L’apport des distributeurs et des libraires est négligeable. L’auteur doit donc prendre en charge de son propre marketing pour avancer sa carrière.

Bien sûr, nous savons tous que la qualité de l’écrit ne voyage pas toujours en parallèle avec la notoriété. D’excellents livres restent inconnus alors que des bouquins moins bien ficelés font bonne figure sans qu’on en comprenne la raison. La réponse se trouve dans une sorte de hasard un peu tordu. Par contre, comme c’est le cas pour n’importe quel produit, plus le profil de l’artiste sera connu, plus les ventes ses livres augmenteront. À titre d’exemple, le passage d’un écrivain à RDI ou LCN incite le libraire à commander ses livres. Ça augmente aussi le nombre de visites lors des séances de dédicaces.

Il est évident que le profil d’une personnalité publique favorise la vente de ses œuvres. Par contre, la plupart des auteurs ne commencent pas leur carrière avec une notoriété acquise. Ils l’obtiennent avec le temps et par des efforts continus. Au fil des années, une approche marketing bien développée et soutenue améliore les chances de l’écrivain de se faire connaître ainsi que ses œuvres.

Quand la publicité à la télé et à la radio n’est pas à notre portée, faute de fonds, il faut faire autrement. Les outils présentés dans ce document aideront, je l’espère, l’auteur à développer un plan marketing qui lui permettra d’améliorer ses chances d’avancer sa carrière.

Personne ne peut accomplir ce travail mieux que l’écrivain. Pour ce faire, il doit utiliser toutes les avenues disponibles. Il lui appartient de se faire connaître auprès de son public cible, de toutes les façons possibles.

Même après plus de douze ans à rouler ma bosse dans le milieu littéraire au Québec, je trouve que nos auteurs restent encore démunis par rapport à ce qu’on attend d’eux. La plupart du temps, on les prépare mal. 

J’adore mon métier et j’espère, par ce dossier, contribuer à ce que nos auteurs soient plus à l’aise dans la gestion de leur carrière.


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